Vous savez comment c’est.
On découvre un jeu, on soupèse la boîte, on l’envisage, on le fantasme.
Puis on l’effeuille. D’abord le film plastique, ensuite la boîte, doucement, les mains sur le couvercle pendant que le reste glisse vers la table.
Puis on l’explore, et à la vue et au toucher viennent s’ajouter les autres sens. Les dés qu’on ne peut pas s’empêcher d’essayer, et qui s’entrechoquent. L’odeur du carton et du papier, l’odeur du neuf.
Une promesse des plaisirs à venir.
Mais, comme le jeu est nouveau, qu’on n’a jamais joué avec lui, qu’on ne le connaît pas encore, on sort les protections, et on sleeve.
On sleeve et désormais, le seul contact charnel que nous aurons avec une grande partie des éléments du jeu sera celui de notre peau sur le plastique.
Mais moi, l’autre soir, j’a joué avec un jeu non sleevé.
Oui, je sais. Je dois faire attention. On ne sait pas ce que ce jeu deviendra, entre quelles mains il va passer. Je sais.
Raxxon pour ne pas le nommer.
Ou plutôt, si j’en crois mon expérience, RaXXXon.
Car oui, j’ai joué (avant) hier soir avec un jeu non sleevé et c’était… c’était bon.
Oui, bon.
J’ai (re)découvert le contact des cartes sur mes doigts. Le bruit qu’elles font quand on les mélange.
Et on mélange beaucoup dans RaXXXon.
J’ai redécouvert cette sensation que je n’avais plus ressentie depuis mes premières expériences avec les jeux, ces expériences qu’on n’ose plus raconter, un peu honteuses, mais qui ont pourtant été totalement formatrices, initiatrices.
Monopoly, Mille bornes, du temps où on ne pensait pas à protéger les cartes. L’insouciance.
Alors oui, je l’avoue, j’ai mélangé plus que nécessaire.
Pour le bruit, pour la sensation sur ma peau, pour le ballet des cartes entre mes mains.
Et encore, et encore.
Puis, la raison revenue (la peur aussi ?), j’ai commencé à sleever.
Les formats standards.
Mais je n’avais plus de sleeves pour les cartes carrées.
Heureusement ?