1941 : Race to Moscow - 3 joueurs
Oui, je sais, c’est d’un goût douteux mais c’est ainsi : le jeu est arrivé la semaine dernière chez un pote, qui nous propose de l’essayer.
Alors essayons.
1941 : RtM propose aux joueurs d’incarner les troupes de l’Axe en pleine opération Barbarossa, et de se dépêtrer au mieux des contraintes logistiques d’un théâtre d’opération absolument gigantesque. Genre un carré d’un bon millier de kilomètres de côté. Gigantesque comme ça.
Le groupe d’armée sud, dont j’ai la charge, progresse péniblement à travers l’Ukraine. En 1941 hein.
Chaque joueur incarne un groupe d’armée qui doit progresser « dans son couloir » en essayant d’atteindre avant les autres son objectif ultime : St-Pétersbourg/Léningrad pour le groupe d’armée nord, Moscou pour le groupe d’armée centre (et les deux autres aussi) et Rostov-sur-le-Don pour le groupe d’armée sud. On fait avancer pour cela des Panzergruppen, très mobiles mais gourmands en carburant, ou des armées d’infanterie, affreusement lentes tant que vous ne les gavez pas de gruau.
Notez que le jeu offre une certaine asymétrie aux généraux, qui est fonction du théâtre où ils opèrent :
- La Kriegsmarine est mobilisable au nord pour faire le blocus des ports, et son réseau ferroviaire au standard allemand est bien développé (l’héritage prussien je suppose)
- Le centre bénéficie de 2 Panzergruppen pour tracer pleine balle à travers la Biélorussie
- Le sud … est vraiment immense mais bénéficie de deux centres de ravitaillement
La Crimée. En 1941, mon Panzergruppe aura toutes les peines du monde à y pénétrer. En 2022, il servira de point de départ à la 58ème armée de Poutine.
Les combats, on va dire qu’ils sont là pour aggraver vos problèmes logistiques. Ce n’est pas le cœur du jeu. Vous rentrez dans une zone tenue par les rouges, vous piochez une carte qui vous indique ce que vous devez claquer comme munitions, et si vous les avez, vous avancez. C’est après que ça se corse.
A intervalles réguliers, le jeu se réinitialise et vos convois logistiques disparaissent. Vos troupes consomment de la bouffe aussi. Si elles ne le peuvent pas, elles sont immobilisées et attendent la prochaine tournée de kartoffelsalat en sifflotant. Charge à vous de re-réunir des moyens de transport, de re-réalimenter vos centres et re-redistribuer munitions, carburant et chocopops à vos troupes. Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’un objectif final soit atteint, ou que tous les jetons troupes soviétiques aient investi le plateau.
Les aléas de la logistique : ma 6ème armée est à poil alors que ma 11ème armée promène son opulence à travers toute l’Europe de l’est.
Le jeu me laisse une impression mitigée. Il n’est pas désagréable, loin s’en faut, mais il ne propose pas une expérience de jeu très aboutie passés les 1ers tours, et son potentiel de renouvellement est assez faible.
Les +
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Le système de jeu basé sur de la sélection d’action est très fluide et pas dénué de réflexion
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La satisfaction de jouer quelques « beaux coups », parfois : encerclement de cocos, objectifs piqués aux copains
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La concurrence entre généraux, matérialisée par quelques cartes action qui permettent de déplacer des objectifs en sa faveur, de péter les voies de chemin de fer du voisin via des maquisards, etc. On peut être nazi tout en étant facétieux, comme quoi …
Les -
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La rejouabilité : les positions de départ des armées, des cocos et des objectifs sont fixes … le premier tiers du jeu se déroulera un peu toujours de la même façon à mon avis
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Le matériel, cheap pour un kickstarter … les figurines en plastique sont vraiment nazes
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Quelques éléments de gameplay bien faiblards, comme la Kriegsmarine, les Stukas ou les combats
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La répétitivité : il y a peu d’actions finalement, et on les répète de cycle en cycle
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Après le premier tiers du jeu, quand les défenseurs soviétiques ont été balayés, il ne reste plus devant les joueurs qu’une carte vide et des objectifs bien lointains … pas très stimulant