– Au rapport, Sergent !
– …
– Au rapport, je vous ai dit ! Vous allez enfin revenir à vous, oui !
– Que… Où… où suis-je ? Que sait-il passé ?
– Vous êtes de retour à la maison, Sergent. La planète Wenora, vous vous souvenez ?
– Et comment je m’en souviens ?!
– Ah, en voilà une bonne nouvelle !
– Mais si je suis de retour, cela signifie que nous avons réussi ?
– C’est à peu près ça…
– Je suis indemne ! C’est un mira…
– À vrai dire, non. Vous êtes mort. Votre partenaire s’en est miraculeusement sortie. Sa combinaison indiquait pourtant que son temps était épuisé, mais elle a, on ne sait encore comment, réussi à revenir à bord du Scarab. Mais vous, non mon petit gars ; vous y êtes resté. Clamsé. Dead. Sans vie. Sayonara Sergent Basara… Bref, je m’égare. Si nous avons fait revenir votre conscience, c’est pour nous raconter comment c’était là-bas. Nous prévoyons de renvoyer une nouvelle équipe, mais nous avons besoin de votre débriefing. Vous comprenez ?
– Je crois, oui…
– Alors, allez-y, ne perdez pas de temps et commencez par les paramètres de cette expédition. Nous savons qu’elle a duré 1h15, mais nous ignorons tout du reste.
– Très bien. Nous étions deux à bord du Scarab quand nous avons atterri. Pour la faire courte, au début, nous étions perdus. Un épais brouillard enveloppait notre vaisseau, nous empêchant de voir les alentours et nos connaissances sur ce monde et ce que nous devions y faire étaient extrêmement faibles. Avec l’aide de l’intelligence artificielle du vaisseau nous avions notre première mission - et deux autres que nous ne connaissions pas encore allaient suivre - nous nous sommes donc mis en route.
– Continuez…
– Luna - c’est le nom que nous avions donné à notre robot de bord – nous a été très utile pour découvrir les environs et planifier notre première stratégie.
– Comment vous y êtes-vous pris ?
– Nous avons beaucoup « étudié » et « investigué » notre environnement.
– Commencez par me raconter en quoi constituait « l’étude »
– Chaque fois que nous traversions les différents paysages de ce monde singulier et magnifique notre connaissance grandissait. Et plus nous étudions, plus nous gagnions des expertises uniques liées à cette planète. Ces dernières nous ont permis de nous aider l’un l’autre pour, parfois, accomplir des enchaînements de tâches que nous n’aurions jamais pu entreprendre au début.
– Et en ce qui concerne « l’investigation » ?
– En restant un peu plus longtemps dans chaque zone, nous y avons fait des rencontres… bizarres…
– Bizarres ?
– Oui, bizarres…. Qui… Euuuh…
– Allez-y ! Racontez-moi !
– Des rencontres qui ont eu des effets sur nous, sur notre organisme. Qui nous ont changées.
– La planète vous changeait ?
– Exactement. Comme si notre corps s’harmonisait avec les propriétés étranges de ce monde. Nous permettant parfois même de le manipuler.
– Passionnant… Quels ont été les plus grands challenges que vous avez rencontrés sur place ?
– La gestion du temps et de nos ressources, je dirais. Plus nous étudions ce monde, plus nous avions besoin de ressources différentes pour mettre en application de manière efficace nos connaissances acquises. Et plus nous pouvions les utiliser, plus vite nous pouvions commencer à maîtriser notre environnement et à réaliser les missions que nous nous étions fixés.
– Vous avez donc maîtrisé la planète ?
– En quelque sorte, oui. Alors qu’au début, nous découvrions, et même subissions les effets de ce monde étrange, à la fin de notre « aventure » - car nous avons vécu quelque chose de spécial là-haut - nous pouvions jouer avec ses rouages. C’était bizarre, mais aussi jouissif !
– Comment s’est déroulé le travail en équipe sur place ?
– Sans collaborer, notre mission n’aurait pu qu’échouer. Survivre là-haut est un véritable casse-tête ; une sorte de puzzle que chaque membre de la mission peut aider à résoudre de manière différente. Nous n’attendions d’ailleurs pas toujours que quelqu’un termine ce qu’il faisait avant d’agir. Nous avons appris à travailler en simultané. La collaboration est essentielle, vous savez. Sans elle, nous serions morts.
– Kof, kof… À ce sujet, justement… Je tenais à vous rappeler que, en ce qui vous concerne… eh bien…
– Ah oui, j’avais oublié…
– Je vous remercie, en tout cas Sergent pour ces détails précieux. Dernière question : que conseilleriez-vous à une nouvelle équipe qui se lancerait dans ce type d’aventure ?
– De prendre le temps de suivre la formation prévue. Le manuel fourni par la compagnie est essentiel et doit être maîtrisé car, là-haut, il y a tellement de possibilités… Ensuite, je dirai de ne pas paniquer, lors des premiers instants. Une fois l’atterrissage effectué, vous serez perdu, mais c’est normal. Restés concentrés et vous finirez par vous en sortir. Enfin, je pense qu’une équipe experte sera plus à même de s’en sortir qu’un public de simples civiles.
– Parfait. C’est noté. Avant de vous… débrancher… auriez-vous une dernière question ?
– Oui, j’en ai une. Avez-vous prévu d’y retourner ? Je veux dire, sur Wenora ?
– Votre mission a été une semi-réussite, un échec même, selon certain. Donc, oui, nous allons y retourner. Même si l’aspect découverte sera moins important, car, grâce à vous, nous savons à quoi nous attendre, la mission que vous avez accomplie peut-être réalisée de nouveau et de manière différente. Et nous savons que deux autres missions pour cette même planète sont possibles.
– Ravi d’entendre que notre programme d’exploration se porte bien.
– À n’en pas douter. Je suis ravi d’avoir intégré ce programme. Et ne regrette pour rien au monde ce choix de carrière. La planète Wenora demande encore à être explorée et, imaginez, nous avons détecté cinq autres mondes à visiter !
– C’est vraiment incroyable ! J’aurais tellement voulu en faire partie…
– Hum… Si vous y tenez tant, je peux peut-être faire quelque chose. Un nouveau programme nous permettrait peut-être d’arriver à conserver votre conscience. Les chances sont minces et, je vous préviens, ce n’est qu’un procédé expérimental.
– Ça me va parfaitement ! Et de toute manière, je ne risque pas grand-chose de plus que la mort, non ? Et puis, après ce que j’ai vécu, je me sens plus que prêt à vivre un peu plus « d’expérimental ».