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Le point sur l’actualité des jeux de société en financement participatif en tenant compte des discussions du forum, des nouvelles infos etc. La dernière revue de l’année ? Le crowdfunding s’incline devant le gros tout rouge et nous laisse souffler. Ca nous laisse un mois pour faire le bilan et jouer avec les piles accumulées…
Ils se terminent
Pathfinder Arena
Se termine le lundi 13 décembre à 23h59.
Son financement. On en discute.
Qui a eu l’idée de décliner un jeu de rôles à succès (Pathfinder) en jeu de plateau PvPvE (joueurs contre joueurs et le jeu) abstrait (sans dés) ?
Parce que, franchement, ça n’a rien d’une grande idée.
A moins que cette campagne serve à vendre des figurines pour joueurs de Pathfinder (le Jeu de rôles) ? Auquel cas, peu importe le jeu-alibi et son tarif "assomme-moi plus fort encore s’il te plait’.
L’idée au cœur du jeu, à base de glissement de rangée de tuiles (comme dans le classique Labyrinthe de Ravensburger mais en plus « stratégique » et moins basé sur la spatialisation) est intéressante. Mais il n’y a rien là qui rappelle un tant soit peu la licence. Si ce n’est le tarif méchamment déconnecté d’un jeu finalement très abstrait.
Il existe certainement un public intéressé par une formule de ce type (PvPvE assez abstrait). Ce n’est de toute évidence pas parmi les joueurs de Pathfinder qu’il fallait aller le chercher. Ou, en tout cas, pas avec une formule « plastique » aussi onéreuse.
Harakiri
Se termine le mardi 14 décembre à 19h.
Son financement. On en discute.
La campagne n’a pas progressé d’un pouce depuis la fin des Early Birds. Mais pourquoi soutenir ce projet ? Les critiques ont fusé un peu de partout, y compris de ma part. Deux bons milliers de souscripteurs se sont tout de même accrochés à leur Early Bird.
L’histoire ne semble pas exceptionnelle. Si c’est votre motivation principale, vous feriez mieux de chercher autre chose (et ça tombe bien, il y a récemment eu quelques excellentes propositions. Vous avez essayé Midarra, par exemple ?).
La partie crawler n’a rien non plus qui la sorte réellement du lot. Le jeu brille bien plus sur sa partie « exploration, aventure, résolution des missions, Pandémie » (pour rester aussi large que possible). Ou, en tout cas, est plus prometteur de ce côté; le proto étant, hélas, un peu trop allégé.
L’ambiance. Visuels, figurines et direction artistiques ont été particulièrement soignés. Si c’est quelque chose d’important pour vous et si le thème (Asie medfan) vous intéresse, n’hésitez pas à faire preuve d’un peu d’indulgence sur le reste (qui est encore améliorable durant les longs mois que durera le développement final).
L’espace. C’est devenu une constante dans les dungeon crawlers / jeux d’aventure : ils prennent toujours plus de place. A l’exception notable de ceux utilisant un livre pour les différents plateaux comme Gloomhaven: Jaws of the Lion. Harakiri prend une voie médiane, avec des plateaux et pas un livre à spirales, mais reste jouable sans une salle dédiée.
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Essayez d’imaginer un croisement entre un dungeon crawler classique et Horreur à Arkham. Si vous venez du monde du jeu vidéo, le rapport aux RPG est encore plus évident : la world map pour l’exploration, l’aventure; la battle map ensuite pour la partie « tactique ».
Le tout géré par du skill check (jet de compétence, c’est l’essence même du jeu; si vous êtes allergique, fuyez). Dans un univers medfan asiatique (on va éviter de dire japonais vu que l’éditeur a sensiblement élargi, tant pis pour les puristes) qui change des habitudes.
Au final ? Ce sera peut-être un bon jeu. Peut-être. Comme toujours, chacun se fera sa propre opinion, en fonction de ses critères, du potentiel du jeu.
On peut tous, par contre, nous inquiéter de la faisabilité du bestiau. C’est un peu comme si l’éditeur avait mis tout ce qui était imaginable. En partie jeu d’aventure. En partie jeu d’exploration. Avec du quasi boss fight. Des arcs narratifs de partout. Des cartes par centaines avec du texte au kilomètre. Des épisodes qui ne se jouent pas tous de la même façon. Des figurines (et de belles sculptures) par pelletés. De l’exploration, des quêtes. Parfois avec des fights, parfois sans. Ou l’inverse…
Venant d’un primo-éditeur, qui n’a fait preuve d’aucun scrupule à mixer les cultures, les crossovers avec d’autres jeux/univers qui ne partagent pas le moindre point commun… Certes, pour beaucoup (dont moi) que des vilains soient issus de la culture chinoise -et pas japonaise- tient de l’anecdote. Que le titre soit à la limite du « de toute façon, c’est tous les mêmes »… c’est moche mais peu importe.
Reste que ce manque de respect, de travail de l’univers, donne déjà l’impression d’un projet fait sans trop forcer. Cela n’inspire franchement pas confiance. On retrouvera les mêmes façons de faire (« bha! on s’en fout c’est pas grave ») plus tard, quand il faudra équilibrer les pouvoirs, travailler les différents scénarios ou gérer une production complexe avec des sous-traitants chinois qui ne sont pas là pour faire les efforts à la place de leurs commanditaires.
Weather Machine
Se termine le samedi 18 à 16h.
Son financement. On en discute.
Jeu en français.
On Mars, The Gallerist, Lisboa, Vinhos, Kanban…
Il y a ceux qui sont partis prendre un doliprane rien qu’à la lecture de cette liste. Ceux qui se sont prosternés et partis épousseter leur collection. Et tous les autres, qui ne sont ni allergiques ni fanatiques de Vital Lacerda et son oeuvre.
Une bien belle œuvre, même; même un allergique comme moi doit le reconnaitre. Qui s’enrichit chaque année d’un titre Deluxe chez Eagle-Gryphon qui ne rate jamais une occasion de venir traire ses mougeons avides de gros jeux à meeples mais aussi riches en thème (pour peu qu’on réussisse à franchir l’étape du « jeton bleu, là »).
Au menu des festivités 2021 : une machine de savant fou censée contrôler la météo mais, en fait, surtout génératrice d’effets papillons. Vu que l’autre bout du monde est trop loin pour poser de souci, le gouvernement vous demande d’étudier la machine et d’en construire une variation expurgée de ses défauts.
Pourquoi le prendre ?
Parce que c’est un Lacerda, quasiment son propre genre à lui tout seul. Vous avez probablement déjà testé un de ses jeux (sinon, c’est probablement qu’ils ne sont pas pour vous); peut-être même les avez-vous enchaînés. C’est à vous que ce Kickstarter s’adresse. Plus à d’éventuels curieux attirés par l’élégance du projet.
Parce que le jeu est beau. Ce qui, pour un eurogame aussi costaud, n’a rien d’une évidence (même si, là aussi, les choses ont nettement évolué ces dernières années). On retrouve la patte magique de Iain O’Toole qui était déjà aux commandes visuelles des précédents Lacerda.
Le duo fonctionne à merveille et permet à Eagle-Gryphon Games d’user jusqu’à la moelle leurs fans. Celui-ci claque. Le plateau sera le pire bordel sur lequel vous essaierez jamais de poser un meeple. Ou le plateau le plus incroyable qui ait jamais régalé vos yeux calculateurs.
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Gros, long, lourd, complexe. Et Lacerda-esque. C’est autant une qualité qu’un défaut : passé le désir de posséder les œuvres du maître, en quoi celui-ci se démarque-t-il réellement de ses précédents ? Qu’est-ce qui le rend préférable à Lisboa ou On Mars ?
Je ne suis certainement pas la personne la mieux placée pour vous le dire. De même qu’il me sera difficile de vous dire si ce nouveau titre constitue une bonne porte d’entrée pour qui découvre les créations de Lacerda. Si le thème vous parle plus que la colonisation de Mars, le vignoble ou la reconstruction de Lisbonne dévastée par un tremblement de terre, oui. Si vous préférez un autre de ces thèmes, agissez donc en conséquence.
Attention : pour obtenir le jeu en français, passez directement par la précommande ouverte chez Philibert. Celle-ci devrait être prolongée après la fin du Kickstarter mais, si cela se passe comme lors des précédents jeux de Lacerda, avec une augmentation de tarif.
Précommande de la version française
Titans Terrain. Si cela intéresse quelqu’un ? J’étais surpris que personne n’en discute sur le forum, sans doute est-ce du gros caca… Se termine le vendredi 17 décembre à 15h58. Son financement.
Nine-Minutes Kingdom. Il n’est jamais facile pour un mini-jeu de surnager dans la masse des projets. Pour un jeu affiché à $9 mais coûtant en réalité $14 pour arriver chez nous, c’est toujours problématique. Quand, en plus, on ajoute un graphisme entre minimaliste et banal… arriver aux mille souscriptions tient déjà de la performance.
Et c’est bien dommage parce que ce petit jeu semble avoir du répondant. Grosso modo, c’est un Kingdomino alimenté par du draft. A sa façon, le jeu affiche tout de même une certaine forme d’élégance. Ce qui explique pourquoi cela intéresse tout de même les joueurs quand un pledge groupé (sur Paris uniquement) s’organise qui met le jeu à moins de 10€ livré. Se termine le samedi 18 à 20h10. Son financement.
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Les sorties de la semaine
The Palaces of Carrara
Sur Kickstarter jusqu’au 5 janvier.
Jeu en français.
La page Gamefound. On en discute.
Un petit coup de jeune pour ce Kramer et Kiesling où les joueurs doivent acheter du marbre pour construire les palais de la Renaissance.
En supposant que vous ne soyez pas trop regardant sur le thème et sa transcription…
Disons que vous allez récupérer des ressources sur une rondelle pour construire des tuiles dans des villes qui rapporteront plus ou moins de points selon la difficulté (quels cubes vous pouvez utiliser). Et que vos actions sur la rondelle vont faire baisser les prix pour tout le monde (c’est la particularité et l’originalité de ce titre), vous obligeant sans cesse à ne jamais être trop gourmand… ce qui, finalement, ferait le jeu d’un adversaire.
Cet intéressant euro sans être trop complexe fête ses dix ans d’âge; ce qui ne « nous » rajeunit pas (si comme moi vous avez connu l’édition originale). Pas de changement au thème (optimiser ses achats de marbre) ni à la mécanique de base (quand vous obtenez un rabais, tout le monde en profite).
Les règles ont toutefois été revues. Et un niveau plus « expert » semble avoir été ajouté. De nos jours, on pourrait probablement plutôt parler d’un « euro poids moyen ». Et, malheureusement pour lui, le nombre de titres dans cette gamme a complètement explosé entretemps.
Aurait-il du coup encore sa place dans une ludothèque ? Probablement. En version deluxe à plus de 100 ? On peut en douter…
L’éditeur est devenu un habitué de ces éditions « deluxe ». Mais sans jamais vraiment en avoir sorti une qui s’impose comme une référence; les matériaux ne sont pas forcément toujours au top. Et avec leur mauvaise habitude de traiter ces souscripteurs en derniers, après les boutiques, ce ne sont clairement pas des gens qu’on peut recommander.
Paladin Card Protection - Season 6. Commet les précédentes saisons, c’est le pledge pochettes qu’on vous recommande. Avec un pledge groupé dantesque pour un tarif imbattable. Sur Kickstarter jusqu’au 18 décembre. On en discute.
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Au menu, cette semaine
Une seule sortie au menu de cette semaine. Et je vous l’avais déjà annoncé la semaine passée, donc copier-coller.
On sera donc bien plus intéressé par le troisième volet de la série des Kilforth : Call of Kilforth. Qui est donc une suite, à la fois extension et jeu autonome des précédents Gloom of Kilforth et Shadows of Kilforth. On reprend nos bonnes habitudes dans cet univers de high fantasy profond et travaillé pour tenter de sauver (encore) le monde des sombres desseins des Anciens.
Une série qu’on a globalement adoré. Même si l’ambiance fut un poil plombée par des soucis relationnels (le premier titre fut traduit en français par Nuts Publishing mais l’éditeur US s’est révélé particulièrement pénible et les noix, brisées, on jeté l’éponge pour les suites et extensions). On peut donc être un excellent auteur, un bon éditeur et un foutu enc*** quand il s’agit de collaborer.
Ce sera donc tout en anglais seulement, encore une fois. Avec des reprints des précédents opus (et extensions). Et même si les fans s’en arracheront les cheveux de désaccord, ce sera encore essentiellement un jeu à pratiquer en solo (voire à deux mais au-delà, prévoyez des excitants pour tenir la nuit).
J’avais oublié le sequel de Vampire Hunters : Order of the Vampire: Ancient Blood. Pas de préparation, dur Gamefound, démarrage mi-décembre : autant dire qu’ils ne sont pas là pour péter le high score. Un peu de préco et roule. Oh ! Et ce n’est pas une suite [NDLR: ben non, c’est un sequel…], c’est un autre jeu, sans compatibilité.
Et ce sera tout pour aujourd’hui. N’oubliez pas que backer, c’est bien. Jouer, c’est encore mieux.
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