Lien vers l'article : https://www.cwowd.com/ceci-nest-pas-une-revue-hebdomadaire-de-lactualite-du-participatif-ludique-revue-du-11-11-2023/
Même si le climat s’est profondément modifié depuis l’époque où je rédigeais chaque semaine ces états des lieux du participatif ludique. La TVA s’est rappelée aux bons souvenirs des éditeurs. Une pandémie a secoué l’économie. L’argent magique a coulé à flots et fini par relancer l’inflation. Des éditeurs douteux, et d’autres inaptes, ont disparu avec l’argent de ceux qui leur faisaient confiance…
Le climat a changé et les joueurs pledgent moins. En tout cas ceux qui participent à Cwowd. Attendre est devenu, souvent, l’option la plus intéressante. Attendre le late pledge. La sortie boutique. Ou même la localisation (de ce côté, mieux vaut ne pas être pressé^^).
Le climat a changé et on dépense moins en KS. Mais on dépensait bien trop, non ? Et puis, il y a encore des semaines comme celle-ci, avec de nombreux projets originaux qu’on ne verra peut-être jamais en boutique. Ou alors au compte-goutte. Et sans doute pas en français.
Les nouveautés de la semaine
Calimala
En financement depuis le 6 novembre
Du neuf avec du (pas si) vieux qu’on nous présente comme un classique mais dont probablement la plupart des joueurs n’a jamais entendu parler. J’aime beaucoup l’éditeur Alley Cat Games, moins sa tendance à (ab)user des superlatifs. Pour un jeu qui a certes permis de faire connaître son auteur, Fabio Lopiano, qui s’est en cinq ans forgé une sérieuse réputation chez les Adorateurs du Divin Maronnasse.
Son premier bébé bénéficie donc là d’une révision (légère mais avec ajout d’un mode deux joueurs) de ses mécaniques et d’un relookage signé Ian O’Toole. La boîte est sublime. Le reste est toujours un tribu au Divin Maronnasse; mais signé O’Toole (et ça change tout ! Sans mauvais esprit, vraiment).
N’écoutez donc pas le rabat-joie de service. Si vous appréciez ces jeux « euros » où les mécaniques l’emportent sur l’émotion, ce projet mérite certainement que vous lui consacriez un peu de temps de cerveau. Parce qu’ il sera en plus visuellement réussi, peu de doute à avoir là-dessus.
Par contre, Alley Cat Games et Deluxe, on peut douter un peu…
En ce moment chez nos partenaires
Stars of Akarios 1.5
En financement depuis le 7 novembre
Le retour du “jeu qui était présenté comme Gloomhaven dans l’espace mais qui ne l’est finalement pas”. Si Stars of Akarios reprend des éléments du chef d’œuvre de Isaac Childres (comme les cartes d’activation des adversaires), c’est plus dans l’esprit : une campagne scénarisée (au passage, un peu plus, un peu mieux), servant de prétexte à autant de combats dans l’espace (les joueurs sont des pilotes, chacun avec son propre vaisseau et ses capacités, qui peuvent être améliorés)… combats qui en font, finalement, plutôt un descendant de X-Wing. Mais en campagne. Avec de l’exploration. Du développement. Bref : plutôt X-Wing the Adventure Game.
Comme souvent, le cœur du jeu est un gros livre de scénarios avec chacun ses conditions de victoire et défaite, son récit, sa mise en place. Mais les joueurs ne joueront pas tous les scénarios à chaque campagne : les succès et échecs, ainsi que les décisions prises, détermineront le chemin qu’empruntera le récit et l’enchaînement des histoires.
Une des forces de ce jeu tient même dans la variété de ses scénarios. C’est aussi ce qui le différencie définitivement de Gloomhaven. Certains rompent même avec la monotonie du “encore une bataille spatiale” et vous emmèneront explorer les confins de l’espace ou partir à pied dans une station spatiale. Voire à la surface de planètes en quête de rencontres ou de découvertes. “Scotty, énergie !” (pour autant, le coeur du jeu reste les batailles tactiques avec les vaisseaux !)
Plus qu’une réédition, on pourrait presque parler de v2 pour cette 1.5. Etonnamment, c’est souvent le cas (et tout aussi souvent que les v2 sont en fait des 1.5^^). Un kit de mise à jour, conséquent, est d’ailleurs proposé (et donc, hélas, pas offert^^).
Perseverance: Castaway Chronicles - Episodes 3-4
En financement depuis le 7 novembre
La suite des épisodes 1 et 2 (qui s’en douterait ?). Mais peut-être n’avez-vous jamais entendu parler de Perseverance ? (parce que ceux qui ont déjà tâté du précédent opus ont certainement déjà une bonne idée de ce qu’ils feront de cette campagne).
Episode 3-4 mais « précédent opus » parce que chaque « saison » contient en effet deux épisodes. Et, si on en croit l’éditeur, la « saga » Perseverance s’arrêtera au second opus actuellement en financement.
Avant d’aller plus loin : il s’git ici de purs jeux de gestion. Pas forcément les plus complexes de l’éditeur, Mindclash Games, mais il n’est sans doute pas inutile qu’il a gagné ses lettres de noblesse avec Anachrony, Trickerion ou encore le récent Septima. Tout le monde n’a pas forcément la même définition de ce qu’est un jeu « de poids moyen ».
Le pitch ? Vous avez débarqué sur une planète peuplée de dinosaures pour vous y établir. Les deux premiers épisodes étaient plus axés sur la survie et / puis le développement de la colonie. Le troisième démarre plus tard, alors que colons et dinosaures ont progressé dans leur acceptation mutuelle (lire : les dinos acceptent désormais de porter des selles et de tirer des attelages^^. Je ne vous dis pas comment histoire de ne pas spoiler l’épisode 2). Maintenant que vous avez des montures, il est temps de coloniser toute l’île (épisode 3). Et malheureusement de réveiller d’anciens pouvoirs qui ne feront pas ami-ami (épisode 4).
Mindclash produit des jeux généralement trop « complexes » pour moi, je serais donc de mauvais conseil. Mais ce n’est pas un hasard si les amateurs de « gros jeux » les adorent. Leur capacité à insérer du thème dans ce genre de jeu est difficile à égaler, ça fait même envie aux amateurs de jeux plus « trash ».
En ce moment chez nos partenaires
Kelp
En financement depuis le 7 novembre
Un jeu asymétrique pour deux : un requin qui tente de manger une pieuvre qui, de son côté, doit se nourrir tout en évitant de servir de repas. Pour deux seulement mais pas un petit jeu pour autant ! Non seulement le matériel est très qualitatif et la réalisation de toute beauté mais les mécaniques sont en plus très travaillées.
On est en effet dans un pur jeu asymétrique, où chacun joue son propre jeu. Placement de dés pour le requin qui doit en plus gérer son énergie (ses actions l’épuisent), cache-cache pour le poulpe qui tente de « manipuler » le plateau de jeu en déplaçant des blocs (comme des pièces de mah-jong) .
Les conditions ne sont pas géniales; la facture est même plus salée que l’Atlantique Nord. Mais porté par un petit éditeur, uniquement pour deux joueurs et sans doute un peu onéreux en matériel : c’est donc typiquement le genre de titre qui a de bonnes chances de ne pas se retrouver un jour en boutique.
Et les autres…
Undergrove
Elizabeth Hargrave (Wingspan etc.), de la nature, une belle réalisation comme toujours quand Beth Sobel est aux pinceaux… pour un jeu qu’on trouvera certainement en boutique. Vous avez jusqu’au 9 décembre pour vous jouer avec la tentation du champi. On en discute.
Ravaged Star
Joli succès pour ce jeu de figs aux sculptures… je dirais fort réussies. En tout cas si vous avez quelque nostalgie des Squats. Sur Gamefound jusqu’au 16 novembre. On en discute.
VÁLKA
Ce jeu se démarque instantanément par ses illustrations signées par l’auteur lui-même, artiste de profession et australien par géographie : Brooke Penrose. Le style est atypique et ravira ou repoussera, c’est selon.
Et c’est à l’image du jeu qui sort lui aussi des sentiers battus. Difficile de dire s’il s’agit réellement d’un PvP pour 2-5 joueurs qui se mettent dessus avec des cartes. Ou si on est plutôt en présence d’un jeu d’aventure / survie en solo… tant le matériel pensé pour le solo est important. Ou peut-être les deux ? Le tarif est fort sympathique mais les frais font plus que doubler la facture. C’est hélas très probablement la seule occasion de se procurer ce titre qui ne sera sans doute jamais localisé. Sur KS jusqu’au 21 novembre. On en discute.
Chaos Cove
Un Martin Wallace, illustré par Mr. Cuddington, avec de la pose d’ouvriers qui sert à un jeu de défense de royaume dans lequel chacun tente de mieux utiliser les héros locaux pour marquer le max de points. Tout en collaborant si besoin car tout le monde peut perdre. On connait la formule. Le piètre résultat de la campagne, qui n’est toujours pas financée malgré un objectif « formalité » à même pas $20k, résume mieux que les mots ce que les joueurs en pensent. Sur Gamefound jusqu’au 29 novembre. On en discute.
Misty Waters
Un « bac à sable » (jeu qui laisse chaque joueur libre de son/ses objectifs) au temps de la marine à voile. Loin d’être le premier du genre, c’est probablement même le thème le plus répandu dans les jeux « bac à sable ». Quoi qu’en dise l’éditeur dans la FAQ (belle blague). Plutôt onéreux de base, le tarif des extensions donne clairement envie de plutôt aller voir la concurrence. Sur Gamefound jusqu’au 30 novembre. On en discute.
Evil Dead 2
De retour pour un reprint déguisé en une édition « Deluxe » sans aucun composant méritant ce qualificatif. Si le petit fan de qui vit en toi désespérait de trouver un jour ce titre, tu te fous de toute façon bien du luxe. C’est ce que pense en tout cas l’éditeur… Sur Kickstarter jusqu’au 9 décembre. On en discute.
Machines to the Sky
Discret, pas du tout mainstream, l’éditeur The Moongrel nous a plusieurs fois séduit par le passé. Sa recette était originale : un KS pour financer un print and play puis un autre pour une version physique. Dungeons Of Draggmar et In The Heart Of Darkness ont ainsi réussi chacun deux campagne et quasiment doublé le nombre de backers de la virtuelle à la réelle (ami éditeur, si tu me lis, retiens que c’est une formule qui fonctionne !).
Inversement de tendance avec un financement « classique ». D’un vrai jeu en boîte. Dans laquelle l’humanité au bord de l’effondrement se lance dans la réalisation d’arches spatiales. Et ça ne se passe pas particulièrement bien (pour le jeu et son financement). Sur Kickstarter jusqu’au 6 décembre. On en discute.
Iron Made
Le jeu en print and play de la semaine. Thème banal mais utilisation intéressante des crayons de couleur pour figurer des territoires qui vont permettre de relier des villes. Sur Kickstarter jusqu’au 20 novembre. On en discute.
En ce moment chez nos partenaires
Ils se terminent
Keep the Heroes Out: Boss Battles
Certaines décisions de l’éditeur et auteur, Luís Brüeh, peuvent ne pas plaire à tous. Je suis de ceux qui apprécient depuis le début sa démarche et son honnêteté. Avec lui, les choses sont claires et les promesses tenues.
Et en plus il fait de bons jeux, comme le dungeon defense Keep the Heroes Out. Dans les mécaniques, comme dans le thème : les joueurs sont les monstres qui tentent d’éloigner des hordes de « héros » décidés à leur pourrir la vie au cœur même de leur donjon. Chaque « famille » de monstre dispose bien évidemment de ses propres caractéristiques; asymétrie qui donne toute sa saveur à ce jeu coopératif.
L’extension ajoute de nouvelles familles à jouer : vampires, trolls, araignées géantes…, de nouvelles règles pour gérer la difficulté, du loot et, comme son nom l’indique, des boss pour corser la fin de partie.
C’est toujours aussi bien réalisé. Toujours aussi intéressant. Mais toujours pas donné. On fait avec, ou pas : le jeu avait été disponible en petite quantité en import chez Philibert , il en ira sans doute de même cette fois.
Fin le mardi 14 novembre à 3h
On en discute
Spirit Fire
Un jeu signé Orange Nebula ne peut pas laisser indifférent. L’éditeur reste en effet sur deux réussites, Vindication et Unsettled… en cinq ans. Le mot d’ordre chez eux est rare, complexe, exigeant, réussi. On aime ou pas mais impossible de qualifier leur production de « OK ».
La tâche est tout de même ardue cette fois. Car la Nébuleuse orange nous a concocté un… truc ? Totalement hors norme. Disent-ils eux-mêmes. C’est bien la première fois qu’on voit des VRP de Youtube contraints de faire des vidéos d’explication de leur vidéo de présentation tant, après quinze minutes, personne n’a la moindre idée de ce qui nous est proposé.
Ou on peut en rester à l’idée qu’il s’agit en fait de construction de deck en solo. Qui va permettre de créer un personnage qui va grandir dans ses compétences, connaissances et traits de caractère. Car le but ici n’est pas d’aller bastonner du streumon dans un donjon. Mais bien de vivre une aventure humaine, en mettant l’accent sur le développement mental, pour relever des défis en forme de puzzles.
J’ai dit que le jeu est un solo mais il est possible de tout de même y jouer à plusieurs, chacun vivant, dans le « monde vivant », ouvert, du jeu, son aventure en parallèle et en simultané… en solo. Et à condition de posséder une boîte par joueur. Autant dire que c’est quand même à 90% un jeu purement solo en solitaire.
Pour autant, et si le tarif « gros jeu » pour un solo ne vous dérange pas, la proposition est originale. Je serais bien en peine de donner un avis sur ce que je visualise des possibilités… vu que j’ai à peine compris les principes directeurs. Mais si l’aspect « combats encore et encore » des jeux d’aventures habituels vous rebute, si le côté « je développe un personnage -et pas un concept- de partie en partie, peut-être même toute une vie » vous fait dresser l’oreille, je vous invite à plonger dedans. Vous comprendrez peut-être^^.
Notez tout de même que le jeu est uniquement proposé en anglais. Ce qui, à condition de maîtriser un minimum, ne devrait pas être un obstacle insurmontable en solo.
Fin le mercredi 15 novembre à 1h
On en discute
En ce moment chez nos partenaires
Wondrous Creatures
Dans la série « le jeu tellement mignon que personne n’arrive réellement à réfléchir à comment il se joue », je vous présente le vainqueur du mois. Ou de la semaine vu le rythme auquel les candidats s’enchaînent depuis quelques temps…
L’éditeur est un habitué. Certaines Cartes Bleues diraient même un multirécidiviste ! Palmarès de ces gens : Shaolia, Wild: Serengeti, Life of the Amazonia… Et cette fois, ils ont fait fort avec des meeples « d’ouvriers » (capitaines) qui chevauche des meeples animaliers (équipage). Le tout imprimé.
Et le jeu ? Mais comment voulez-vous que je sache, mon cerveau est resté coincé sur les serpents de mer, licornes, et autres hippocampes… Ces gens n’ont aucun respect pour nos petits cœurs fragiles !
Une île fantastique, de la pose de meeples pour collecter des ressources et acquérir des cartes, avec une particularité (de taille !) : chaque meeple occupe deux hexagones et pourra activer plusieurs emplacements adjacents à son tour. Il n’y a franchement pas besoin de plus pour s’y intéresser : ce jeu est atypique. Et magnifique, je l’ai déjà dit, ça ?
Fin le mercredi 15 novembre à 16h
On en discute
FormulaGP
C’est tout juste financé mais avec, probablement, un millier de souscripteurs quand la cloche de fin retentira. Plutôt un bon résultat pour un jeu dont le thème donne généralement des titres médiocres. Et même un excellent résultat si on considère les mécaniques du jeu, que l’auteur a voulu très orientées « simulation ».
Une combo (F1 + simulation) pas facile à caser. Alors qu’on aimerait au contraire, souvent, partager l’expérience avec un groupe (jusqu’à six joueurs ici).
Si vous vous retrouvez dans ce portrait, faites-vous plaisir. Ce n’est pas le genre de projet pour lequel je rédige une critique tous les mois.
Fin le mercredi 15 novembre à 19h
On en discute
Takenoko: Oyako Collector’s Edition
A $250, hors frais, le pledge de base, on se doutait bien que cette seconde édition du collector, géant, mega luxe de Takenoko ne lèverait pas des millions. Un petit demi-millier de passionnés ont décidé de se faire un (gros) plaisir et je vous avoue que l’envie est forte d’en faire autant, l’objet est juste extraordinaire. Mais la raison l’emportera dans mon cas, restera à vivre ensuite avec la frustration. Se termine mardi, 14 novembre, à 15h. On en discute.
Ynaros Fallin
Six mois plus tard, le reboot aura permis de financer. Mais en récoltant à peine la somme qui était demandée lors de la première tentative (magiquement divisée par quatre pour le reboot^^… tandis que la pub virale explosait). Le jeu est pourtant sympa, avec une intéressante (et réussie à mes yeux) Direction Artistique. Mais rien qui le différencie réellement dans un univers ouvriers / contrôle déjà bien chargé. Se termine le mercredi 15 à 8h59. On en discute.
**Et ce sera tout pour aujourd’hui. On se retrouve en début de semaine pour la suite de ce mois de novembre bien chargé.
N’oubliez pas que pledger, c’est bien. Jouer, c’est encore mieux^^.